Le droit de savoir: les communautés rurales, la sécheresse et l’eau au Brésil

Le droit de savoir: les communautés rurales, la sécheresse et l’eau au Brésil - Transparency

Children drive a donkey loaded with Babassu nuts along a dirt road in Maranhao State. The Babassu palm, in the background, native to this northeastern corner of Brazil, is an important part of the local culture and economy - more than 60 products come from it including oil used for cooking and cosmetics as well as the nutshell that is used as cooking fuel.

Summary

ARTICLE 19 a travaillé avec des personnes du monde rural au Brésil pour les aider à lutter pour un meilleur accès à l’eau et une eau de meilleure qualité. En formant les communautés locales à utiliser la Loi sur l’accès à l’information brésilienne, nous encourageons les familles de la zone aride du Brésil à se renseigner et à tirer profit du soutien actuellement à leur disposition et à faire campagne pour obtenir de meilleurs services là où ils sont nécessaires.

La situation:

2012 et 2013 ont été les années les plus sèches enregistrées au cours des 3 dernières décennies au Brésil. La sécheresse a été la plus rude dans la région semi-aride du Brésil.

Les chiffres officiels (IBGE 2007) montrent que 67% des familles rurales vivant dans cette zone sèche n’ont pas accès à un système général de distribution d’eau ; 43% utilisent des puis et des sources ; et 24% accèdent à l’eau par d’autres moyens, notamment en faisant des voyages quotidiens pour aller recueillir de l’eau dans des sources qui ne sont souvent pas aptes à la consommation humaine.

En 2011, le Brésil s’est engagé à garantir  un meilleur accès à l’eau à travers le pays. Le gouvernement a mis en place le programme De l’eau pour tous, qui vise à fournir de l’eau potable propre à des milliers de brésiliens.

Parfois les communautés locales ne sont pas conscientes de l’aide qui est disponible. Parfois les politiques du gouvernement n’offrent pas une aide adaptée aux personnes auxquelles elles sont destinées.

Notre objectif:

L’information est cruciale pour s’assurer que les communautés les plus affectées par la sécheresse reçoivent l’aide dont elles ont besoin. Nous aidons les communautés à trouver cette information. Les personnes qui luttent pour accéder à une eau propre doivent être impliquées dans l’élaboration des politiques relatives à l’eau. Une plus grande participation ne peut avoir lieu que lorsque les communautés sont mieux informées.

Même dans les communautés rurales qui sont couvertes par les programmes officiels sur l’eau, les populations locales ont des difficultés à accéder à l’eau. Par exemple, dans l’état de Pernambuco dans le nord-est du Brésil, l’approvisionnement d’eau est limité et il n’y a que quelques camions d’eau qui distribuent de l’eau propre aux familles qui ont du mal à faire face à la sécheresse. Savoir quand les livraisons ont lieu est crucial.

Qu’est-ce que nous faisons:

ARTICLE 19 a travaillé avec les communautés de Pernambuco pour les former à l’utilisation de la Loi sur l’accès à l’information pour :

  • Obtenir des informations sur les programmes spécifiques sur l’eau de l’État ;
  • Savoir combien d’argent a été affecté pour l’approvisionnement en eau et comment il est dépensé, notamment combien de camions d’eau sont en service ;
  • Connaître les résultats des analyses de la qualité de l’eau dans la région.

Dans certaines régions visitées dans le cadre du projet, la communauté locale n’a pas vu une goutte de pluie pendant plus d’un an.

Alaíde Martins:

Alaíde Martins (52) est une fermière qui vit à Sítio Solto, Triunfo – une zone rurale de Pernambuco. Elle a 2 enfants adultes et travaille avec son mari dans la production de pulpes de fruits. Alaíde et son mari ont participé à l’atelier de formation d’ARTICLE 19 après avoir parlé avec un centre communautaire local :

« Nous avons une exploitation agroforestière dans laquelle nous travaillons avec des produits biologiques, mon mari et moi… L’agriculture est très difficile actuellement. Beaucoup de plantes sont mortes à cause de la sécheresse… Mon mari est très timide, j’étais comme ça moi aussi, mais j’ai surmonté ma timidité, maintenant je parle beaucoup et je suis très impliquée »

Alaíde affirme que la formation lui a montré comment accéder à des informations qu’elle n’aurait pas su comment obtenir. En particulier, elle était très contente d’obtenir des renseignements sur l’approvisionnement en eau par les camions citernes pendant les périodes de sécheresse et de connaître les résultats des analyses de la qualité de l’eau dans la région.

« J’ai appris à quel point nous devons faire attention à l’eau, que c’est notre devoir de nous renseigner sur sa provenance, de savoir si c’est une eau  apte à la consommation humaine, si elle vient d’un barrage. Quand le camion d’eau arrive, nous ne savons pas d’où provient son eau. »

Alaíde dit que le manque d’information est un des plus gros problèmes auxquels sa communauté fait face en ce qui concerne l’eau.

« La formation traitait plusieurs questions, notamment les droits et devoirs concernant les sources d’eau. Il s’agit de plusieurs sortes d’informations dont nous n’avons peut-être pas conscience… Si nous ne nous informons pas et ne demandons pas de comptes aux autorités, ces questions tombent dans l’oubli. »

« C’est par la bouche que les gens tombent malades. Si nous consommons une eau insalubre, cela peut être nocif. Même pour les animaux. Ce qui effraie les gens, ici dans le nord-est, c’est le fait que la sécheresse a tué beaucoup de bétail… Les gens n’ont pas pour coutume d’enterrer l’animal, ils le mettent habituellement dans un lieu comme une tombe ouverte. Lorsque vient la pluie, l’eau emporte les restes de l’animal vers les ruisseaux, les barrages et les fleuves comme le Pajeú. Cela peut polluer l’eau. Certains barrages ne sont pas bons pour cette raison. »